​​Le 6 avril 1917, pendant sa pause déjeuner, Violet Chapman, ouvrière d'une usine d'armement à Sheffield, donne un coup de pied dans ce qui ressemble à une balle au milieu de la cour. Dix autres femmes, présentes dans cette cour, lâchent leurs casse-croûte et se mettent à courir. La balle en question est un prototype de bombe légère, désamorcée. Elles vont alors jouer pendant plus d'une demi-heure. Pareil le lendemain. Puis le jour suivant, et ainsi de suite. Jusqu'à jouer dans un vrai stade, et se mesurer à des professionnels.

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Si la gent féminine joue au football depuis la fin du XIXème siècle, à cette époque, la pratique de ce sport chez les filles relève de l'acte politique, à l'image du mouvement des suffragettes, et la tenue des matches n'est véritablement tolérée qu'à des fins caritatives. Dans le Ladies Football Club, Stefano MASSINI raconte une histoire de la naissance du foot féminin, inspirée du Dick, Kerr's Ladies Football Club, l'un des premiers clubs féminins d'Outre-Manche. Celle de onze ouvrières qui s'émancipent au moyen du ballon rond alors que leurs maris, pères, frères sont à la guerre. Leur premier coup de pied, c'est un acte de révolte. Celui de onze dissidentes qui s'approprient un jeu exclusivement masculin. Le long de leur banc de touche, pas de You'll Never Walk Alone pour les pousser vers la victoire. Mais des chants ouvriers. Entonnés avec leur sang, leur sueur et leurs larmes. Les chants de onze femmes, soudées, certes unies pour une cause commune, mais qui marchent seules dans leur combat contre le capitalisme et le patriarcat.